Voyage dans la Península Ibérica des VIe et VIIe siècles

Été 2009 - à la recherche de traces des Wisigoths

1 - les photos
2 - le contexte

1 - Les photos :

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aux hasards de la route

édifices : des traces wisigothiques au style préroman

Aragón y Navarra Monasterio de San Juan de la Peña (vers JACA)

Monastère fondé au IXe siècle. Les restes anciens sont à l'intérieur (étage inférieur) ; l'extérieur photographié est roman, avec du gothique, voire du renaissance ...

Castilla y León Quintanilla de la Viñas : Santa María de Lara (vers BURGOS)
Ermitage wisigothique du VIIe siècle.
Camping sauvage Basilica de San Juan de Baños de Cerrato (vers PALENCIA)
Basilique wisigothique du VIIe siècle.

San Pedro de la Nave (vers ZAMORA)
Église wisigothique du VIIe siècle.
du Tras-os-montes au Duro Igreja de São Pedro de Balsemão (vers LAMEGO)

Wisigotique ! Ah ? À l'intérieur peut-être ? Oui, mais c'était fermé... (une photo quand même)

retour au Minho :
São Frutuoso de Montelios (BRAGA) : cherchée ... pas trouvée ! (des photos quand même)
(Galicia) Santa Comba de Bande (vers OURENSE)
Église wisigothique du VIIe siècle.
Asturias Santa María de Naranco (vers OVIEDO)
Initialement, cet ensemble constituait la résidence d'été du roi Ramiro Ier (842-850) avec le salon de réception (devenu le sanctuaire Santa Maria) et la chapelle royale San Miguel.
Euskadi : Mitriku, Urrugne
avertissements :

2 - Le contexte :

version du 22-08-2009

Comment retourner en Ibérie ?

  • 1969 : le premier de mes différents séjours ou voyages ibériques : 40 ans déjà !
  • Depuis, il y a eu d'autres voyages en Ibérie...
  • Alors, cet été, retourner avec un fil conducteur : suivre la piste des édifices wisigothiques dans le nord-ouest de la péninsule ibérique.

Itinéraire approximatif, jamais au sud du Duero-Duro


itinéraire
carte Larousse

Au fait : quid des Wisigoths ?


Le royaume wisigoth de Tolède
(507-711) constitue un moment essentiel de l'histoire de la péninsule Ibérique au Moyen Âge. La synthèse entre la vigueur de l'héritage romain et le dynamisme du peuple wisigoth fit du VIIe siècle un moment de grande prospérité culturelle ... selon certains historiens.
Pour d'autres, la vision est plus critique. Bartolomé BENNASSAR conclut pour les Wisigoths : " (...) Les trois siècles qui vont de 414 à 711 ont été assurément l'une des périodes les plus sombres de l'histoire de la péninsule. Du moins pour la plus grande part de la population : esclaves rossés ou mutilés, petits paysans humiliés ou dépossédés, juifs traqués et flagellés. La peste a sévi, la faim aussi. (...) ".

Les traces matérielles de ce temps ? Quelques bijoux et quelques rares édifices, chapelles ou palais. Mon itinéraire suit la piste de ces édifices là où ils sont les plus nombreux (6 ou 7 !) : au nord-ouest de la péninsule.

... En deux mots ...
rois wisigoths

Au IIIe siècle, ils participent au grand mouvement est-ouest des peuples germaniques dits " barbares " qui finira par achever l'empire romain. D'abord arrivés au nord du Danube, ils sont ensuite poussés plus à l'ouest par les Huns, s'allient aux Romains, se révoltent, finissent par prendre Rome en 410 et partent fonder le royaume de Toulouse, puis, vaincus par les Francs, ils s'installent en péninsule ibérique où leur royaume se développera pendant deux siècles. La fin : de 711 à 713, les Arabes conquièrent toute la péninsule ibérique, sauf l'extrême nord formant désormais le royaumes des Asturies.

Les édifices wisigothiques : un style particulier.

Les Wisigoths apportent aussi une contribution originale au développement des formes artistiques avec :
  • la construction d'églises à plan cruciforme, l'« invention » de l'arc outrepassé ou en fer à cheval, généralement l'absence d'abside (le chevet sera carré ou rectangulaire) et de clocher ;
  • le développement d'une orfèvrerie votive illustrée par les croix et les couronnes à pendentif transmises dans le trésor de Guarrazar.

San Pedro de la Nave
Il s'agit bien d'une des dernières facettes de la civilation romaine, après la chute du dit empire, plutôt que des premiers pas de l'époque pré-romane, initiant le style qui fleurira dans l'Europe médiévale et particulièrement tout au long des chemins de Santiago de Compostela. A moins que l'un ne prépare l'autre quand même ?


Sao Frutuoso de Montelios

en savoir un peu plus : voir ci-dessous ...




en savoir bien davantage :

Ces Goths viennent des grandes plaines de l'est (vers la Vistule) et se déplacent vers l'ouest. Ils s'installent au nord du Danube et déviennent voisins des Romains. Influençables, ils adopte le christianisme dès 340 ; mais version Arius (lequel pense qu'une religion monothéiste ne doit avoir qu'un seul dieu ; donc le Fils Jésus et le Saint-Esprtit, la Sainte Trinité : niet !). Un peu poussés par les Huns vers 376, ils demandent asile aux Romains. C'est accordé : ils passent le Danube et se posent vers l'actuelle Bulgarie. Mais les choses se passent mal, ils se révoltent, envahissent un peu les Balkans et finissent par envahir et mettre à sac Rome en 410. L'empire romain est très mal !

orfèvrerie

Finalement le roi Alaric se rabiboche avec l'empire romain, lequel le charge d'aller calmer les Vandales qui cassent tout dans l'Ibérie romaine, puis le rappelle et octroie à son peuple la zone entre Loire et Garonne : ce sera le royaume Wisigoth de Toulouse. Ce royaume s'étend ensuite vers le sud comme vers le nord. Mais il a des soucis avec l'église catholique dont les évêques n'apprécient pas du tout l'hérésie arienne.

Et surtout arrivent du nord les Francs dont le chef Clovis est un malin : lui abandonne l'arianisme et se convertit au catholicisme, mettant de son côté tous les évêques catholiques qui en fait constituent le réseau de pouvoir de premier plan du monde romain maintenant que l'empire romain s'est effondré : ce qui va l'aider. Bref, vers Poitiers (déjà !), à Vouillé, l'armée des Wisigoths est écrabouillée par celle des Francs en 507.

Voilà donc le royaume wisigoth qui se tranfert au sud des Pyrénées, conservant néanmoins Languedoc et Provence. Ce nouveau royaume se débrouille pour être accepté par les élites hispano-romaines en créant un double droit : chaque peuple a son code de lois et seuls les Wisigoths peuvent accéder au métier des armes. Ainsi s'organise la péninsule ibérique (à l'exception de l'actuelle Galice où se maintient une sorte de royaume des Suèves).

Ce royaume wisigoth vivra deux siècles : en gros de 500 à 700. Il ne saura pas très bien se consolider politiquement (en fait, zizanie continuelle chez les dirigeants !). Un grand changement se produit vers 600 quand les Wisigoths renoncent à l'arianisme et adoptent le catholicisme.

Ainsi fragilisés poliquement et militairement, quand débarquent les Arabes, les Wisigoths prennent aussitôt la pâtée (en 711, vers le rio Guadalete) et, en deux ans seulement, ils sont balayés de toute la péninsule, sauf dans l'extrême nord de la péninsule qui devient le royaume des Asturies.

En revanche le royaume wisigoth a développé une civilisation brillante aux plans intellectuel et artistique. C'est dans le royaume wisigothique que la culture classique jette en Occident son dernier éclat. Le rôle politique joué par l'épiscopat, la diffusion de l'éducation et de l'écriture, l'importance de la société urbaine assurent une longue survie à l'héritage de la civilisation romaine, dont le royaume de Tolède apparaît à plus d'un égard comme un conservatoire.

Le plus remarquable représentant de cet attachement à la culture de l'Antiquité est Isidore de Séville (vers 562-636), considéré à la fois comme le dernier écrivain romain et l'un des premiers écrivains du Moyen Âge. Élu évêque de Séville en 600, il consacre sa vie à la réforme morale et culturelle de la société hispano-gothique. Il joue un rôle politique important, comme conseiller de plusieurs rois et est à l'origine de la réunion du concile de Tolède IV, qui met au point la procédure de l'élection royale. Il écrit une œuvre considérable portant sur l'histoire, la langue, la vie monastique, la réflexion
morale et politique. Il consacre la dernière partie de son existence à construire une vaste encyclopédie du savoir contemporain : ses Étymologies en vingt livres. Non seulement il fournit un inventaire complet de la culture antique, mais il définit une méthode qui connaîtra d'importants développements au Moyen Âge. D'autres écrivains du VIIe siècle laissent une œuvre historiographique ou spirituelle : hymnes, vies de saints.

Les Wisigoths apportent aussi une contribution originale au développement des formes artistiques avec la construction d'églises à plan cruciforme, l'« invention » de l'arc outrepassé ou en fer à cheval, le développement d'une orfèvrerie votive illustrée par les croix et les couronnes à pendentif transmises dans le trésor de Guarrazar. La notion d'art wisigothique a jadis suscité un vif débat entre les tenants du « germanisme », qui voient dans l'ensemble de la production artistique une importation des formes et techniques germaniques, et ceux du « romanisme », surtout sensibles aux continuités avec l'époque impériale. Il est aujourd'hui clair que la diversité des formes et la variété des influences font de l'art wisigothique le type même de l'art de synthèse et que le terme même d'art wisigothique ne saurait avoir d'autre signification que géographique. Dans le domaine de l'architecture monumentale, la disparition quasi-totale des édifices, en particulier dans les grandes métropoles religieuses et culturelles, est difficilement compensée par les découvertes archéologiques et par le remploi d'éléments sculptés et décoratifs dans des monuments ultérieurs. De la seconde moitié du VIIe siècle nous sont cependant parvenues quelques rares petites églises rurales, dans la région d'Oviedo qui, en dépit de remaniements ultérieurs, attestent une certaine unité de style, traduction rustique de ce qu'était sans doute au même moment l'art de Tolède.



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